Ils crachent leur venin pour l’avenir

14 janvier 2019 | Science

Dans la nature ils sont redoutables et parfois même mortels. Aujourd’hui, les venins sont étudiés par les scientifiques pour leur potentiel thérapeutique. Des cocktails de molécules complexes qui pourraient, un jour ou l’autre, soulager et même soigner certaines maladies.

Derrière la vitre, le mamba noir déroule son corps fin et fait glisser ses écailles grises irisées le long de la paroi. De l’autre côté, les enfants se pressent pour observer le serpent le plus venimeux d’Afrique en poussant de petits cris, à la fois émerveillés et terrifiés. L’animal a quitté la brousse pour rejoindre le cœur de la capitale, il est le clou de l’exposition « Poison » organisée au Palais de la découverte à Paris. Un prédateur féroce capable de tuer ses proies grâce à ses crocs et son venin, l’un des plus mortels au monde. « Le poison de ce serpent est si puissant qu’il peut tuer un homme en l’espace d’une demi-heure », glisse Mark Read, muséographe chargé de l’exposition. Composé de neurotoxines et de cardiotoxines, le venin du mamba agit très rapidement : il paralyse sa proie et entraîne une insuffisance respiratoire.

Plus puissant que la morphine

Grâce au travail de chercheurs français on sait désormais que le mélange contient aussi, en infime quantité, une protéine miraculeuse : la mambalgine. « Un peptide qui agit comme un antidouleur, 200 fois plus puissant que la morphine, explique Mark Read, et presque sans aucun effet secondaire ». C’est dans le laboratoire de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (IPMC) de Sophia Antipolis que la découverte a été faite en 2012. En criblant les venins de plusieurs serpents, les chercheurs sont parvenus à isoler la substance aux propriétés fascinantes. « Pas de dépression respiratoire, pas de troubles de la motricité et surtout, pas d’accoutumance », détaille Eric Lingueglia à la tête d’une équipe de dix chercheurs. Autrement dit, un puissant antidouleur dénué d’effets secondaires, une révolution dans le domaine médical et un espoir pour les malades atteints de douleurs chroniques.

 

Célèbre depuis sa prestation dans le film Kill Bill, de Quentin Tarantino, le mamba noir pourrait bien voir sa notoriété augmentée si la création d’antalgiques, issus de son puissant venin, finit par voir le jour. © Caroline Chapron/Esopelia

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